Définition succinte : Le terme “Eurocity” est né à la suite de la dissolution du groupement Trans Europ Express, en mai 1987. Il s’agit d’une contraction entre Intercity et Europe. Exploités en coopération par plusieurs compagnies ferroviaires européennes, ces trains reprenaient l’ensemble des différentes liaisons TEE devenues des trains à deux classes. D’autres liaisons étaient rajoutées et toutes sont de nature internationales, pour se différencier précisément des InterCity nationaux, principalement en Allemagne.
➤ À retenir : Naissance de l’InterCity – Le cadencement horaire
➤ Trans Europ Express
Le déclin inexorable des Trans Europ Express constaté dès le milieu des années 70 a conduit l’UIC a trouver une solution répondant tant à la clientèle de première classe qu’à celle de seconde. Nous avons vu sur une autre page que des InterCity internationaux avaient été créés dès 1981 pour tenter de redresser la barre et – surtout -, élargir la clientèle.
Mais un autre produit – particulièrement disruptif -, avait déjà fait son apparition en France depuis septembre 1981 : le train à grande vitesse, qui se démarquait de tout ce qui avait été fait jusqu’ici. En Allemagne, en Espagne et en Italie, on se préparait aussi à accueillir la grande vitesse dès 1989-1990 selon les cas. La rame tractée internationale arrivait-elle déjà trop tard ?
L’InterCity international devient EuroCity
L’UIC avait créé en son sein dans les années 1980 le pushing group “Trains de qualité”. Celui-ci avait mis au point une offre internationale dénommée EuroCity, en sélectionnant une soixantaine de trains dotés des critères évoqués plus haut, et qui devaient succéder aux InterCity internationaux.
La clientèle visée se voulait bien plus large que les Trans Europ Express : voyage d’affaires, familles, touristes et jeunes. La stratégie commerciale de ce réseau s’appuyait sur la notion de qualité, concrétisée par une sliste de 20 critères-produits à respecter (logo, matériel climatisé, vitesse, fiabilité des horaires, nettoyage, restauration, etc). Il s’agissait de créer et positionner une image de marque caractéristique au transport ferroviaire en donnant au client un véritable statut de voyageur international.
Les nouveaux trains firent cette fois l’objet d’une campagne promotionnelle très active. Le label se déclinait en trois langues “EuroCity / EuroCité / Eurocitta”. Ce réseau, reliant environ 200 villes d’Europe, fût lancé le 31 mai 1987, le jour même où les Trans Europ Express tiraient définitivement leur révérence.
Un cahier des charges contraignant
Le cahier des charges élaboré par le pushing group de l’UIC était ambitieux :
- Le confort : on se basait uniquement sur des voitures climatisées dans les deux classes, tout en laissant encore le choix des réseaux d’y mettre des compartiments ou des voitures à couloir central. À cette époque, les voitures à compartiments étaient de moins en moins prisées par les voyageurs seuls ou à deux. De leurs côté, les opérateurs publics avaient une nette préférence pour la voiture à couloir central, plus capacitaire (80 sièges en moyenne) ;
- Une voiture-restaurant (et non un buffet), devait être présente obligatoirement dans les compositions EuroCity, séparant les voitures première classe des voitures de seconde. La restauration a présenté un vrai défi aux administrations ferroviaires non-habituées à ce type de service… ;
- Un personnel de bord bi ou trilingue, la plupart du temps recruté dans le personnel ayant déjà une certaine expérience ;
- Une obligation de nettoyage avant chaque trajet (on peut s’étonner de ce que cela devait être en temps normal pour qu’il faille spécifiquement le mentionner…) ;
- Une vitesse moyenne commerciale d’au moins 90km/h était requise, à une époque où le trafic régional n’était pas celui d’aujourd’hui ;
- Des arrêts limités dans des villes sélectionnées, d’une durée maximum de 5 minutes ;
- Les contrôles frontaliers, en l’absence d’espace Schengen et d’Europe, devaient être simplifiés et limités aux gares frontières ;
- Enfin il fallait choisir le meilleur choix pour la traction des EuroCity, avec des locomotives interopérables quand c’était possible, le possible étant traduit par “rare” sur le terrain.
On remarque que ces critères correspondent en gros à ceux en vigueur sur les InterCity de la DB, des ÖBB et en partie des CFF, soit l’aire germano-alpine. Ces trois entreprises publiques disposaient de voitures-restaurant susceptibles de convenir au cahier des charges, ce qui n’était pas le cas de la SNCB, la SNCF et des FS, qui ne voyaient plus d’intérêt dans ce type de service. Raison pour laquelle il y eut moins d’Eurocity dans le Benelux, en France et en Italie, et quand il y en avait, ces pays comptaient sur le matériel DB ou ÖBB pour fournir les standards requis, comme le montre cet EC67 Paris-Munich – de passage à Dombasle-sur-Meurthe, entièrement composé de matériel allemand…
Matériel roulant
La mort des Trans Europ Express ne signifia pas la mise à la ferraille du matériel roulant, loin s’en faut. France et Belgique, qui lorgnaient déjà vers une probable arrivée du TGV dans les années 1990, se contentèrent de prolonger la durée de vie des voitures PBA ex-TEE qui avaient pour certaines à peine 20 ans.
Allemagne, Autriche, Suisse et dans une certaine mesure Italie eurent moins de mal à se conformer à la fameuse charte. Leur entreprise publique avait fait construire des centaines de voitures basées sur le type UIC Z, parfaitement conformes aux critères de confort attendu.
Allemagne
La Deutsche Bundesbahn (son nom d’époque), n’eut aucun mal à convertir certains de ces InterCity en EuroCity : c’était la même composition ! Le schéma type comprenait les véhicules suivants :
(Avmz 111)
DB
WRümh132
(WRmz132.2)
DB
(Bpmz 291, 292, 294)
(Bpmbz 291.5, 6)
(Bpmbz 294.6, 7)
DB
Belgique, Suisse, Autriche, Italie
On se souvient que ces pays avaient fait construire à la fin des années 1970 un total de 500 voitures VSE (Voiture Standard Européenne), un projet hélas vite arrêté en raison des divergences sur l’aménagement intérieur. Ces véhicules, climatisés et confortables, tous à compartiments, présentaient encore leur livrée orange C1 à la naissance des EuroCity :
DB : Avmz 207
FS : Az / Bz
ÖBB : Amoz / Bmoz
SNCB : I6 A / I6 B
SNCF : A9u
SNCB : I10 A / I10 B
SNCB
CFF
France
Comme la Deutsche Bahn avec ses Bpmz à couloir central, la SNCF mit également au point un parc de voitures appelées “Corail”, dont les livraisons se firent entre 1978 et 1986. Cet immense parc de près de 3.000 voitures climatisées devait faire définitivement oublié le vert militaire des voitures UIC des années 60. La SNCF n’avait pas d’autres choix que de les mettre dans les quelques compositions EuroCity qui circulèrent vers Bruxelles, Amsterdam et Cologne. Mais il ne fallait pas non plus jeter les rames TEE “Inox”, toujours en bon état et appréciée de la clientèle.
SNCF / SNCB
B11u / B6Du…
SNCF
SNCF
Espagne
Devenu un Intercity dès 1981, l’ex-TEE “Catalan-Talgo” devait se reconvertir en train à deux classes. Une partie des remorques des quelques rames Talgo III RD circulant toujours entre Barcelone et Genève reçurent un aménagement en sièges 2+2, augmentant dans le même temps la capacité du train sans mettre de remorques supplémentaires.
RENFE
➤ Voir nos pages complètes dédiées aux trains Talgo
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